Les mots sont souvent des titres qui s'ignorent.
Ils avaient raison tout ce recycle, le monde regorge de matériaux disponibles.
Les meilleurs titres hibernent dans l'attente d'un réveil. En pleine lumière. Ils résonnent de leurs proies échos. Sournois, ils surgissent à l'improviste dans le mouvement de nos bras, dans notre sommeil, nous piègent au creux d'une conversation, dans le brouhaha ou le silence, et soudain s'imposent, se dressent en poteaux indicateurs désignent tout à la fois une direction, une posture, un état. Il suffit de les suivre.
Vus sous cet angle, les titres prédisent l'avenir.
Souvent, les titres me suffisent. Je fais depuis longtemps collection de titres. C'est une manie qui remonte à l'enfance. On peut collectionner toutes sortes de choses, mais la collection de titres est de loin la moins coûteuse. Elle nécessite peu de matériel, se conserve à l'infini et, surtout, n'engage à rien. Enfin, presque. Les mots sont souvent des titres qui s'ignorent. Paresseux, certains traînent en e ou à la campagne, par petits groupes. Il suffit de les ramasser comme on le fait avec les champignon, les feuilles que l'on glisse dans un herbier. Peu à peu, ma collection s'allonge.
Mais il faut être prudent.Le comble pour un titre serait de ne pas tenir ses promesses. Et la matière, la présomption se paie cher. Le titre idéal n'en dit pas trop, n'en a pas l'air. Pâle et sans effet, il se tient embusqué dans un entre-deux.
Il attend.
Fabio Viscogliosi Je suis pour tout ce qui aide à traverser la nuit