Mono no aware.
J'aurais aimé qu'alors Murakami me réponde. Qu'il me déclare que nous vivons dans un monde, ce monde, mais qu'il y en a d'autres, tout près. Qu'il est possible de s'affranchir du réel, qu'il existe des univers parallèles et des passerelles qui permettent de circuler, de glisser de l'un à l'autre ; et que c'est ce qui arrive à certaines personnes dont on a été indiciblement proche avant qu'elles s'évanouissent de votre existence. Mono no aware. Dans la vie, on croise des gens précieux, qu'on voudrait garder toujours auprès de soi, mais qui, pour des raisons qui ne tiennent ni à eux, ni à nous, sont forcés de s'en aller. Ce n'est pas qu'ils nous abandonnent de leur plein gré, ni que nous soyons coupables de n'avoir pas su les retenir, c'est juste que, parfois, il ne peut en être autrement. Il m'est arrivé de chérir profondément des êtres que j'ai perdus, et c'est peut-être pour cela qu'on écrit, pour les retrouver et cheminer, l'espace d'un instant, à leurs côtés. Comme si rien n'avait changé.
LA PRINCESSE ET LE PÊCHEUR de Minh Tran Huy