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D'ombre et de lumiere
2 juin 2013

Il faut tout comprendre. Sinon il faut tout croire

 ?

 

 

"— Je crois, je ne crois pas: nous en sommes toujours là... 

— Oui. 

— On n’en sort pas... 
— Croire est une manière d’accepter le mystère et d’aller au-delà. Tandis que rester sceptique
empêche de le dépasser, et de voir ce qu’il y a au-delà, 
— Mais on ne voit même pas ce qu’il y a au-delà. Il cela aussi, il faut croire. 
— C’est vrai. On doit toujours croire. 
— Il faut tout comprendre. Sinon il faut tout croire.
— Qui l’a dit? 

— Je ne me rappelle pas qui l’a dit. Un grand*, pourtant... "

 

"— C’est le hasard. Le hasard... Sinon, quoi d’autre? Non. Mais mettons ce hasard de côté. Oui, mais pour en faire quoi? Pour arriver où?

—Rien ne dit que l’on doit toujours tout comprendre. L’indétermination ne peut pas être seulement un motif de frustration: si c’était le cas ce serait un grand malheur, puisque la plupart des choses qui nous gouvernent sont indéterminées.. Nous sommes devant un mystère trop énorme, comment pouvons-nous prétendre l’expliquer. Contentons-nous de l’observer...

— L’observer même sans comprendre.

— Surtout sans comprendre.

— Appelle ça de la contemplation.

— . . . faire confiance au lieu de maîtriser, se laisser envelopper par le mystère sans mémoire ni désir...

— Exactement ça. Tu vois que tu as compris.

— Wilfred Bion. Un psychanalyste anglais. Il a théorisé cette aptitude à tolérer l’insaturé, c’est-à-dire le vide l’absence de sens — sans se soucier d’accéder à la compréhension. De cette manière, on peut prêter attention des choses qui autrement seraient négligées, et développer les associations intuitives. Si l’on n’observe que ce que l’on comprend on finit par n’exister qu’en ce ou l’on comprend.

— C’est exactement ce que je disais, dit un peu mieux. Comment s’appelle cette théorie?

— Capacité négative. Bion a pris le concept chez Keats, qui parle de Shakespeare comme de quelqu’un qui pouvait rester dans l’indéterminé sans nul besoin de chercher les faits et les raisons, et il en a fait le modèle du rapport entre analyste et patient."

 

Sandro Veronesi           XY

 

*Scott Fitzgerald

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