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D'ombre et de lumiere
16 novembre 2010

La réalité....traverser les couches...se frayer un chemin... car tout est cadrage et filtre...

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Remuant doucement dans le vent, les arbres au feuillage roussi par l'automne lui font penser à des sorcières échevelées. Elle s'assoit et glisse les mains dans son sac noir pour installer une pellicule infrarouge. Aussitôt heureuse, elle redescend la colline à pas lents, se concentrant avec passion sur chaque objet qu'elle cadre.

 Le beau avec l'infrarouge, c'est que ça se passe ailleurs, dans une autre réalité. Ce que l'on photographie n'est pas ce que l'on voit. Il faut imaginer ce à quoi la chose cadrée ressemblera une fois développée. Rêver chaque arbre individuellement et tenter d'en deviner le secret, sachant que son feuillage deviendra une explosion de dentelle blanche. Ajouter ou non des filtres, tenir compte de l'angle  du soleil, des rouges présents dans la scène. L'infrarouge fait apparaître une lumière délicatement déformée, qui semble venir d'un passé oublié. Ce n'est pas, comme le disent certains, un gadget. Les yeux de certains animaux captent l'infrarouge, ceux des humains, non ; mais, captés ou non, ces rayons sont bel et bien émis. Cela dépend du point de vue, de l'organe qui l’enregistre, de la distance. Cela est déjà vrai pour le réel vu de près n est qui'un amas  de goutelettes en suspension ; vu de loin, c'est une montagne pourpre sur fond de ciel bleu et le bleu à son tour se dissipe dès qu'on l'approche. c'est plus vrai encore pour la photographie: quand on glisse un négatif dans l'agrandisseur, il projette des traces sur le papier baryté au-dessous, mais ces traces ne sont pas la photo, elles ne sont qu'un faisceau de possibilités. On peut s'approcher jusqu'à en faire des points flottant dans le vide, s'en éloigner jusqu'à en faire un seul point noir; on peut les noyer dans la lumière ou les égarer dans l'ombre. Pareil avec les gens : cadrés de trop près ou de trop loin, ils ne veulent rien dire. Instinctivement on se met à manipuler la distance, le cadre, l'exposition, les contrastes... à la recherche de ce qui fait sens.pénétrer, par l'agrandissement, à l'intérieur même de la matière. Se glisser sous la peau...  dedans, dedans... traverser les couches de souvenirs. .. se frayer un chemin jusqu'à l'enfance. C'est une telle émotion, quand cela commence à apparaître dans le bain...

Infrarouge de  Nancy Huston 

 

 


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Commentaires
S
longtemps que je n'étais venu ici poser mon souffle;<br /> les deux dernières photos sont envoutantes!<br /> que cette brume de lumière est belle!<br /> j'adore toujours autant venir me ballader parmi tes pages!<br /> bonne soirée
D
quelle douce promenade !
T
automnale! Suis particulièrement sensible aux stries des ombres sur la dernière images!<br /> Bonne semaine lumineuse et chaleureuse!
M
Toujours cette envie de te suivre dans tes promenades si intérieures...
J
On respire ces bois<br /> féerie du clair et de l'obscur<br /> des odeurs d'humus et de fraîcheur.<br /> très prégnant.
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