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D'ombre et de lumiere
17 mai 2008

A l'autre extrémité...

IMG_1363

On ne considérera jamais assez la station debout, et les déambulations qu'elle permet, comme une admirable conquête. Gloire aux jambes qui ont un jour commencé à nous porter, sous les sourires d'encouragement — « C'est bien, c'est bien, mais il se tient tout seul ! » —, puis à nous conduire durant tout le voyage, ces jambes qui, un jour futur, nous lâcheront à nouveau, plus lasses que lâches, usées, réclamant cannes et béquilles. Gloire aux jambes, donc, gloire à leur couple éphémère. Comme dit le sphinx, l'animal énigmatique ne marche sur deux pattes qu'à l'heure de midi.
À rien, je ne pensais à rien, mais je revoyais aussi la fragilité effrayante des grands prématurés dans ces services hospitaliers.[...]
Les jambes de ces prématurés ne sont encore que des branchettes recroquevillées, mais il viendra pourtant, le jour de leurs premiers pas, le commencement titubant de la longue marche.

Non loin de là passent les vieillards, avec leurs problèmes de jambes eux aussi. Les vieillards vacillent mais avancent précautionneusement un pied, puis l'autre, cherchant un appui, un repère, une balustrade qui paraît hors d'atteinte. Le moindre escalier est un cauchemar, comme les trous, les pentes, les cailloux qui roulent et le sol qui glisse.
Alors, entre ces deux extrémités nous gambadons un moment, chargés de soucis et de livres.
Nous filons. Nous nous précipitons. Nous skions sur les pages blanches. Nous nous relevons lorsque nous tombons. Nous poursuivons.

Mais il arrive aussi qu'en marchant, nous donnions la main à un enfant. Pourquoi ? Pour le retenir ? Le soutenir ? Éviter qu'il ne se jette dans n'importe quelle gueule de loup mécanique ?
Ou bien pour qu'il nous guide sans le savoir, entrouvrant un peu notre regard d'aveugle, à chaque coin de rue, coin de chambre, coin perdu?


Pierre Péju  Naissance


Il arrive aussi un moment  où nous donnons la main à celui dont la vie quitte ce corps peu à peu. Pour le retenir, pour le soutenir, pour le quider en aveugle et l' accompagner dans ce coin de chambre, dans ce coin perdu...


...

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Commentaires
M
Offrir sa main, geste singulier et fraternel qui dit si bien à l’Autre que nous nous accompagnons parfois au plus près de son infinie solitude. Sans doute parce qu’Elle dit si bien la nôtre.
T
contre deux ailes d'oiseau...
M
C'est très beau... profond... une vérité de chaque jour... une avancée... parfois seul , parfois accompagné dans ce voyage vers l'autre côté du monde...
D
Chère Corinne, Pierre Péju parle d'Or (je n'apprécie pas tous ses textes mias celui-là me charme : il est tellement universel...). Avais-tu lu de lui "La petite fille dans la forêt des contes" ? une exploration patiente et "enchantée" des contes de fées... avec le "modèle d'Hansel et Gretel, la "cruauté" supposée des Contes des frères Grimm, une étude poussée sur le romantisme allemand... (J'aime un peu moins l'oeuvre ultérieure d'"auteur Gallimard", parfois inégal car condamné comme d'autres à produire son "opus périodique"). Un type bien, qui y voit clair (je l'ai eu comme jeune prof de Philo au lycée Lakanal de Sceaux, en post mai-68, avec de la vraie (bonne ou mauvaise) pagaille... sauf chez lui, très carré et manifestement passionné !!! ). Ta photo comme le texte donne le vertige : qu'avons-nous été hier (recroquevillés), que serons-nous demain ? Bises & belle Amitié, comme un ciel de montagne...
M
Nous naissons sans savoir utiliser ces jambes qui nous donneront pourtant tant de sensations, et nous risquons bien de finir notre vie juste avec le souvenir de l'usage de celles-ci ...<br /> Jouissons donc du moment présent où nous sommes debout !
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