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D'ombre et de lumiere
7 février 2007

L'ombre d'une autre lumière

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L'obscure surface blanche et l'obscure intériorité, se rencontreront-elles ? C'est cette double inintelligibilité qui crée la terrible tension du peintre ou de l'écrivain. Tension faite d'écoute suraiguë, de concentration autour d'un mystère où l'on ne discerne plus entre des zébrures de mémoire et des soifs d'inconnu, entre la raison qui organise une idée et l'intuition qui s'engouffre dans le non encore vécu. Et en même temps il y a cette parcelle limitée sur laquelle on cherche à capturer ces franges d'ombre et de non-dit, tout en buttant sur la propre existence de ce vide à remplir! De cette apparence de vide à remplir... Se réunir dans sa propre obscurité, se tenir tantôt aux aguets de la mémoire lancinante, tantôt des gouffres brefs de la prémonition, s'aiguiser au mutisme fécond de la toile, au silence du blanc de la toile frémissante comme un rideau qu'on s'apprête à lever, puis revenir en soi, amoindri-grandi par le pressentiment de l'infiniment extérieur, et se rassembler dans un flash de lumière au bout des doigts pour un geste - le premier - qui tentera l'esquisse de la rencontre, c'est cela le parcours solitaire du peintre. Ses buts conscients sont souvent mis à bas ou dilués par un télescopage avec le hasard et de cela d'informe peut naître une clarté, une ligne, du signifiant. Par bribes, la lumière s'installe dans le tableau et par delà le tableau, cette lumièr

qui est lien entre tous les éléments de l'oeuvre, c'est-à-dire le sens qui se dégage du tout. Et ce sens, c'est à dire cette lumière, est toujours étranger à celui que la conscience porte en elle avant le parcours vers la toile. Comme si la traversée de l'ombre en état d'acuité prédisposait enfin à d'autres visions. 

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Et lorsque l'ombre s'évanouit, la lumière qui s'attarde derrière elle
devient l'ombre d'une autre lumière.

Khalil Gibran

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Commentaires
C
j'aime cette couleur de l'eau, ces traces sur la neige et ces mots...<br /> "Comme si la traversée de l'ombre en état d'acuité prédisposait enfin à d'autres visions."<br /> c'est la sensation que j'ai à l'instant<br /> bien à toi Corinne
C
j'adore ces empreintes dans la neige.
D
corinne, avec ces trois photos d'une onde aussi pure, nous voilà de plain-pied dans la littérature ; avec ces traces d'oiseaux dans la neige, nous voici dans l'antique religion (chamanique) d'une trop vieille humanité ; les esprits-animaux (ceux qu'on cherchait au travers des parois des cavernes dès le paléolithique) et les esprits-fées du ruisseau ont donc veillé sur la photographe (et, par ricochets, sur nous-mêmes...) <br /> <br /> Amitié.
P
Le texte est beau et tes trois images premiéres sont fascinantes de pureté, je dirais même d'étrangeté tant elles nous présentent des choses simples, un bord d'étang d'où la neige fuit, trois pas d'oiseaux gelés, des reflets d'un ciel insaisissable... C'est magnifique et on ne lasse pas de les regarder, d'y chercher une résonnance en soi, une harmonie. On ne les quitte qu'à regret...
C
Sublime texte de Gibran Kalil qui s'harmonise parfaitement à tes photos. Bravo Corinne
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