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D'ombre et de lumiere
25 janvier 2007

Quelque chose plutôt que rien...

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"Le temps était gris et quelques grappes de nuages s'accrochaient parfois au flanc de la montagne.
Le silence qui nous entourait était d'une telle texture qu'on l'eût dit distillé, épuré, filtré. Il se confondait avec la transparence cristalline de l'air.Sans aide, avec une surprenante agilité, Marie gravissait la pente. Quand le chemin le permettait, elle se tenait à mes côtés. Lorsque le layon devenait trop étroit, elle montrait la voie.

Qui alors aurait pu deviner son état?
Pour la nature qui nous entourait elle était simplement une femme comme une autre marchant vers le couchant. Du sommet, la vue était vertigineuse.La montagne plongeait à pic vers l'Espagne tandis, que quelques maigres herbages et des boules de nuages s'accrochaient sur le versant français.
Du ventre de la falaise remontait un air glacé qui faisait parfois flotter les cheveux de Marie et donnait à sorn visage une illusion de vie.
Nous étions arrivés au bout de notre longue marche.Je pris ma fille dans mes bras. J'eus le sentiment d'enlacer un arbre mort. Elle regardait droit devant elle. Nous étions au bord du vide, en équilibre au sommet du monde. Je songeais à tous les miens.
En cet instant de doute, au moment ou tant de choses dépendaient de moi, ils ne m'étaient d'aucune aide, d'aucun réconfort. Cela ne m'étonnait pas : la vie n'était rien d'autre que ce filament illusoire qui nous reliait aux autres et nous donnait à croire que, le temps d'une existence que nous pensions essentielle, nous étions simplement quelque chose plutôt que rien."

"Une vie française" Jean-Paul Dubois

 

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Commentaires
C
derrière l'ombre, la lumière... indissociable toujours...
P
ricochets ce petit poème en prose (Les fenêtres) de Baudelaire :<br /> <br /> Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vit, rêve la vie, souffre la vie.<br /> <br /> Par delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.<br /> <br /> Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément.<br /> <br /> Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même.<br /> <br /> Peut-être me direz-vous : « Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? » Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que suis ?
E
Photo de rêve...elle nous rappelle combien nous sommes tout petit devant l'immensité de la nature.Oui nous sommes petits et nous le savons pas .....<br /> Merci Corinne de le rappeler<br /> <br /> Amitiés<br /> MOHAMED
P
Poème-photo, même combat. "Nous êtions quelque chose plutôt que rien", une bien petite chose.
R
Cette image-photo me rappelle le poème de S. Mallarmé "un coup de dé n'abolira jamais le hasard", pourquoi? je ne sais pas... Peut-être à cause des trois plans horizontaux du paysage qui évoquent en moi la structure de ce poème Mallarméen... <br /> Merci pour ce frisson existentiel.<br /> RAFRAFI
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